C'est fait.
D'une autre vie, il me reste des enfants que j'adore et une maison dans laquelle j’espérais vieillir en famille. Pour ce qui est de vieillir, j’espère encore. Mais un divorce plus tard et quelques tentatives que j'ai gâché aussi, des accidents de la vie, le désamour de ma fille pour cette maison, l'envie d'ailleurs et d'autre chose m'ont résolu à vendre. Ce fut long. J'ai fini par vendre à un prix bien inférieur à celui que j'avais refusé au début. A des gens que j’apprécie bien peu, en plus. Mais c'est fait. Je passe à autre chose.
Je me met à chercher quelque chose à acheter par ici. Mon rêve serait une petite ferme avec une grange pour y installer plusieurs billards.Vieillir en jouant au billard. Aux billards, en fait. Pourquoi un seul? J'aime jouer autant au français une bande qu'au jeu de la neuf. Pour l'instant je joue quelques fois au blackball sur mon billard installé dans l’étable d'un ami, un peu trop loin pour y aller souvent. J'aime bien le snooker aussi, mais il faut de la place, beaucoup. Une maison assez grande pour y recevoir la famille et les amis. Vu que la vie, mon besoin d'ailleurs et l'envie de tirer un trait sur le passé m'avaient fait changer de région, je me suis posé à un endroit tranquille où l'immobilier est une voie sans issue. Les prix d'ici n'ont rien de comparable avec ceux d’où je viens. Cette maison que j'avais voulu grande avec de grandes pièces pour que chacun y ait son espace, faite pour partie de mes mains, a rempli une enveloppe par sa vente. Les acheteurs malignement m'ont forcé à y retourner et la voir en chantier m'a retourné, et dissuadé d'y retourner.
C'est un grand virage dans ma vie.
Mon fils m'a dit « Tu fais ce que tu veux mais tu n'a pas le droit de te louper». Sur les conseils de ma fille, je suis allé voir mon banquier et mettre l'argent à l’abri, je réfléchis à la suite.