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Le broc

La propriétaire, rencontrée l'autre jour, m'avait prévenu de sa venue. Aussi, je n'ai guère été surpris en descendant à l’épicerie par le fourgon garé en face de l'objet de toutes mes attentions. Quelques plaisanteries et bons mots avec le jovial épicier, je suis de bonne humeur. Je remonte vers le « pas chez moi» ou je viens de tomber, mitoyen du taudis en chantier ou je squattais jusqu'alors. Il y a plus de maisons vides que d'habitants par ici. Chez nous, pardon. Il faut que je m’intègre. Oh, une idée de papier.

Trois heures plus tard, le ventre plein, je descend d'une allure de propriétaire, heureux dés que la rue se redresse, à la rencontre du brocanteur qui vide toute la maison en échange de ce qu'il arrive à en tirer. Présentations faites et difficultés de son métier débattues, j’achète le piano droit qu'il va peiner à déplacer pour un billet tout rond. Je louche, peu être un peu trop, sur un coffre fort d'un autre age, m’intéresse à une grande armoire lingère. Je chine dans le fatras incontournable d'une vieille grande maison dont j'avais fait abstraction en visitant le bâtiment. J'en profite pour visiter tout seul, plus en détail toute la partie inoccupée. Les caves méritent d’être aménagé, des tuyaux traversent l'espace, les planchers bois du dessus montrent leur limite vus de dessous. Je découvre l'existence d'un ancien escalier condamné par un plancher et une goulotte qui de l’étage donne à une des caves voûtées; cet endroit me resserve des surprises encore, je crois. De retour à l'appartement triste au plafond noirci qui fait suite au taudis d'un autre age, je téléphone à un ami musicien pour lui demander de se renseigner sur le net de la valeur de ce satané piano. D’après une annonce sur le bon coin de ce jour même qui vient d’être enlevé aujourd'hui, et qui était immanquablement celle du brocanteur, il semble que je m'en tire pas trop mal.

Je retourne le lendemain donner le billet topé la veille avec un carnet de chèque dans ma poche et négocie pour quelques billets de plus la grande armoire lingère, le coffre fort à transformer en bar, un porte-manteau très kitch et un pupitre à serrure. L'armoire est immense, prévue pour ranger les draps, les couvertures et les édredons. Même les moins chère des marques d'ameublement n'offrent pas une telle capacité de rangement pour ce prix la. Le brocanteur, plutôt content de l'affaire, me promet de ne pas emporter les portes des placards. Le coffre en bois recouvert de métal est fermé, la plaque du dessus dévissée et envolée, le bois percé de trois trous de 13mm (la plus grosse taille standard), semble être vide à part une feuille de papier. J'ai bien d'autres choses à faire pour l'instant, mais ma curiosité s'aiguise. Le porte manteau mural est fait pour supporter huit gros manteaux de cuirs comme j'en ai un et des parapluies sur le bas, avec une étagère à chapeaux et un miroir en plein milieu; souvenir d'un temps ou un notaire habitait et officiait ici. Avec le pupitre qui m'intrigue par sa serrure en travers, le broc m'offre un moine en bon état qui avait retenu mon attention.