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Negociations

Ce bâtiment fait bien, en surface, le triple de ce que je cherchais au départ. Son prix est attractif, mais la région ne l'est plus. Plus rien ne se vend ni s’achète par ici. Pour avoir des billards et le temps d'y jouer, il me faut mettre quelque chose autour. Pourquoi pas des gîtes. Une idée se précise: des gîtes orientés joueurs de billards. Mais je n'ai pas l'argent pour tout faire. Ce relais de poste me plaît beaucoup et j'aurais beaucoup de peine à le voir péricliter où rénové n'importe comment. Le coté patrimoine pèse beaucoup dans la balance. C'est une des raisons majeures de mon choix avec le rapprochement des miens. Le fait aussi que je pense que cette région est appelé à se réveiller de sa longue léthargie dans les vingt ans qui viennent. Je calcule, à la louche, le coût des travaux indispensables et les aides diverses. Échafaude plusieurs options pour boucler mon budget. Je vais dans le mur. Ou j'y vais au culot. Je fonce. Je calcule au moindre et sort de ce calcul le prix au delà je ne peux plus aller. Les semaines ont passé, j'appelle l'agent pour lui demander un rendez-vous dans quatre jours pour faire une proposition. Je décide de prendre la marge d'un gros billet et fait sourire l'agent par ma première offre. Je remet le gros billet ( façon de dire ) et refait une dernière offre en stipulant que c'est ma limite. Le soir même je reçois un SMS de l'agent: « J'ai transmis votre offre aux vendeurs qui se réservent quinze jours pour y réfléchir». Dans les premiers jours, j’étais persuadé d'avoir loupé l'affaire: Ma proposition était un septième plus basse que le prix affiché. Je travaille sur mon projet, y réfléchis. C'est osé. C'est fou. Je retourne voir le bâtiment, de l’extérieur, quelques fois, et au fil des jours en vient à espérer que les vendeurs refusent ma proposition. Les jours s'empilent et le mal-être s'installe. Je décide de m'en remettre à la décision des vendeurs: Je ne recule pas.

Mon offre vient d’être accepté. Un SMS de l'agent vient de m'en avertir. Il a essayé d'appeler, mais le réseau est aléatoire par chez nous. Je peux dire ça, maintenant. Ça va devenir chez moi, ici.